Van der Poel, la vie en double

7 avril 2024 - 17:15

Il a tenu toutes ses promesses, et même dépassé les attentes de tous les observateurs qui prédisaient logiquement sa victoire. Mathieu Van der Poel n’a jamais semblé connaître les doutes et les appréhensions qui assaillent parfois les vainqueurs sortants en quête de confirmation. Dès les premières séquences de course, il a mis à contribution ses équipiers pour contrôler l’échappée du jour, puis pour durcir le rythme afin de provoquer une sélection précoce bien avant l’entrée dans la Trouée d’Arenberg, où il a un peu plus affirmé ses ambitions. Mais c’est à 60 kilomètres de l’arrivée que le champion du monde a porté un coup fatal à ses adversaires, incapables de répliquer à son accélération. Une seule attaque a suffi pour aller ensuite chercher en solitaire son deuxième succès sur le vélodrome. En devenant le premier à s’imposer deux fois de suite depuis les victoires 2008 et 2009 de Tom Boonen, Van der Poel prend aussi place dans l’histoire aux côtés des neuf autres signataires du grand doublé flandrien, une semaine après avoir gagné son troisième Tour des Flandres. Pour parfaire le tableau de la journée, le premier vainqueur en arc-en-ciel depuis Peter Sagan en 2018 (et Lotte Kopecky hier après-midi !) est accompagné sur le podium de son coéquipier Jasper Philipsen, deuxième comme l’année dernière après avoir remporté le sprint du mini-groupe de poursuite en battant Mads Pedersen, 3e.

Le Résumé Long - Paris-Roubaix 2024

Chute au km 37
172 coureurs prennent le départ de Compiègne après les forfaits de Dylan van Baarle (Visma), Michael Vink (UAE Emirates) et Michael Morkov (Astana). Les mouvements sont nombreux à l’avant du peloton dès les premiers kilomètres, avec par exemple Dries De Bondt et Edvald Boasson Hagen qui se montrent entreprenants chez Decathlon-AG2R, tout comme Alexander Kristoff chez Uno-X par exemple. C’est au km 22 qu’un groupe de sept coureurs se détache, avec Per Strand Hagenes (Visma Lease a Bike), Rasmus Tiller (Uno X), Kasper Asgreen (Soudal-Quick Step), Marco Haller (Bora-Hansgrohe), Liam Slock (Lotto-dstny), Gleb Syritsa (Astana Qazaqstan) et Kamil Malecki (Q36.5). Ils sont poursuivis par deux contre-attaquants partis à retardement, Dusan Rajovic (Bahrain-Victorious) et Dries De Bondt (Decathlon-AG2R), qui ne parviennent pas à se rapprocher à moins de 20’’ dans un premier temps. Au km 37, une chute dans le peloton met à terre de nombreux coureurs, dont Nils Politt, Tim Merlier, Laurenz Rex et Jonathan Milan et surtout Elia Viviani, immédiatement contraint à l’abandon.

Christophe Laporte crève le premier
L’incident profite au groupe de tête, dont l’avantage monte à 1’40’’ après 75 km de course. Les deux intercalés continuent de fournir les efforts nécessaires pour opérer la jonction au km 80 et intégrer bel et bien l’échappée du jour. Au moment de se présenter sur le premier secteur pavé à Troisvilles, l’échappée dispose d’une marge de 1’25’’. S’ils passent sans encombre cette première difficulté, les pépins se poursuivent pour la formation Visma, qui voient leur champion d’Europe Christophe Laporte ralenti d’emblée par une crevaison.  

Pedersen attaque la Trouée en tête
Le durcissement de la course, orchestré par les Alpecin-Deceuninck dès le secteur de Quiévy, le plus long de la journée (km 105), éparpille déjà le peloton qui se présente en plusieurs morceaux dans le secteur de Viesly (km 111). L’échappée est alors menacée avec une vingtaine de secondes d’avance, et subit le retour du groupe des favoris au km 120. À ce stade, plusieurs candidats aux honneurs sont déjà en difficulté, relégués dans un groupe de poursuite accusant un retard d’une minute : on y trouve Yves Lampaert, Oliver Naesen, Luca Mozzato ou Oier Lazkano par exemple. La sanction s’aggrave au fil des secteurs pour le groupe des « perdants », qui accuse un retard de 2’30’’ à l’attaque du secteur d’Haveluy (km 156,2). Quelques kilomètres plus loin, Mads Pedersen entre en tête dans la Trouée d’Arenberg mais le secteur le plus redouté de la journée est mis à profit par Mathieu Van der Poel, qui disperse une première fois ses rivaux et sort de la forêt en compagnie de son rival danois, ainsi que de Jasper Philipsen et Mick Van Dijke.         

Et Van der Poel frappe fort
Une attaque menée à trois par Gianni Vermeersch, Stefan Küng et Nils Politt dans le secteur #18 (km 170) a pour effet de provoquer un regroupement, qui se concrétise à 70 km de l’arrivée avec une vingtaine de coureurs. Mais 10 kilomètres plus loin, Mathieu Van der Poel frappe un grand coup et surprend tout le monde en attaquant dès l’entrée du secteur 2 étoiles d’Orchies. Son accélération assomme ses adversaires, dont aucun ne parvient à réagir, ni sur l’instant, ni à retardement. À la sortie du secteur de Mons-en-Pévèle, il reste 45 kilomètres d’efforts à fournir pour le champion du monde, et un avantage de 1’35’’ sur cinq premiers poursuivants. Puis dans le Carrefour de l’Arbre, le champion du monde augmente sa marge à 2’50’’ sur un quatuor de poursuite comprenant alors Mads Pedersen, Stefan Küng, Nils Politt et son coéquipier Jasper Philipsen. Dans le final, la victoire est acquise pour l’homme de tête mais les places sur le podium sont encore à distribuer entre Pedersen, Politt et Philipsen. Dans cette explication, le maillot vert du Tour de France 2023 se montre le plus puissant en choisissant de prendre l’intérieur du dernier virage pour battre Mads Pedersen. Le Belge, vainqueur de Milan-Sanremo, atteint le podium pour la deuxième fois consécutive.

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