Monumental Philippe Gilbert

14 avril 2019 - 17:36

La 117e édition de Paris-Roubaix, ouverte aux audacieux dans un contexte de concurrence sans véritable favori, a souri à l’un des plus inspirés d’entre eux, qui a mené à bien une métamorphose entamée depuis quelques années. Philippe Gilbert, vainqueur en 2011 des classiques ardennaises (Amstel Gold Race, Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège), a ajouté à sa palette de talents une capacité à s’imposer sur les flandriennes. Après sa victoire en 2017 sur le Tour des Flandres, il s’impose sur Paris-Roubaix en ayant bousculé tous les prétendants au titre dans les 70 derniers kilomètres et en réglant au sprint son dernier adversaire, Nils Politt, sur le vélodrome de Roubaix. En y ajoutant ses succès sur le Tour de Lombardie (2009, 2010), Phil Gil’ devient le premier vainqueur de quatre monuments du cyclisme depuis Sean Kelly dans les années 80. Il ne lui manque que Milan-San Remo pour rejoindre dans la légende du cyclisme trois autres coureurs belges : Eddy Merckx, Rik van Looy et Roger De Vlaeminck.

Astana et Trek entreprenants

Le peloton est réuni avec 174 coureurs devant le château de Compiègne après le forfait du sprinteur colombien Fernando Gaviria, fiévreux à son réveil ce matin. Les attaquants sont nombreux à vouloir intégrer l’échappée, notamment dans le clan Astana, avec une première offensive en solo de Dmitriy Gruzdev au km 10 puis de son coéquipier Magnus Cort Nielsen qui n’obtient pas plus de 30’’ d’écart avant d’être repris au km 28. Au km 32, un duo avec Mads Pedersen et Marco Marcato tente de précipiter la création d’une échappée, sans succès. Au km 53, le trio composé de Jurgen Roelandts, Casper Pedersen et Mads Schmidt-Würtz ne connait pas davantage de succès.

Trentin perd sa place sur crevaison

A 15 kilomètres de l’entrée sur les pavés, une association de 9 coureurs parvient à s’extraire avec Gougeard, Schär, Gaudin, Frison, Van Lerberghe, Arcas, Backaert, Boeckmans et Van Staeyen, qui sont repris dans le secteur de Troisvilles (km 97) par une contre-attaque formée de Bodnar, Gradek,Theuns, Breschel, Politt, Haller, Declercq, Lampaert, Petit, Trentin, Küng, Ballerini, Janse van Rensburg et Bol. C’est donc avec 23 coureurs, mais une avance contenue autour d’une minute par le peloton, que l’aventure se poursuit. La sélection commence dans le secteur de Quiévy (km 115), avec les crevaisons de Boeckmans, Van Staeyens et surtout Trentin.

Van Avermaet en tête pour attaquer Arenberg

Après un problème mécanique qui élimine ensuite Gaudin, le groupe est repris sous l’impulsion des coureurs de Bahrain-Merida à l’entrée du secteur de Verchain-Maugré (km 135). Le peloton est reconstitué, mais sans Alexander Kristoff lâché sur une deuxième crevaison, alors qu’une cassure coupe le peloton dans le secteur de Maing, à hauteur du kilomètre 142. Ce sont donc environ 70 coureurs qui se présentent à grande vitesse dans la Trouée d’Arenberg, où Greg Van Avermaet pose les roues le premier. Dans ce secteur classé 5 étoiles, Stijn Vandenbergh prend une centaine de mètres d’avance, tandis que les ennuis commencent pour Wout van Aert, retardé une première fois sur un problème mécanique.

22 kilomètres en solitaire pour Van Aert

Pour le triple champion du monde de cyclo-cross les ennuis s’enchaînent : une fois revenu dans le peloton, il s’arrête rapidement pour récupérer un nouveau vélo, mais chute lourdement dans un virage, puis se lance dans une course poursuite qu’il achève après 22 kilomètres en solitaire au total, à la sortie du secteur de Warlaing à Brillon (km 185). A 67 kilomètres de l’arrivée, Philippe Gilbert, Nils Politt et Rüdiger Selig se détachent avec une vingtaine de secondes d’avance. Derrière eux, une contre attaque se dessine avec Wout van Aert à la manoueuvre, suivi de Chistophe et Laporte et Ivan Garcia. Le mouvement fait réagir Peter Sagan et exploser le peloton : seuls Vanmarcke, Lampaert et Sarreau parviennent à suivre le tenant du titre.

Un sprint à deux

Gilbert insiste en solitaire, mais subit le retour de ses poursuivants à l’entrée du secteur de Mons-en-Pévèle. A ce moment, un groupe de tête de prestige fait la différence avec Peter Sagan, Sep Vanmarcke, Yves Lampaert, Wout van Aert, Nils Politt et donc Philippe Gilbert. Sur une nouvelle accélération du Belge, l’échappe est secouée à 23 km de l’arrivée et perd Wout van Aert. Dans le Carrefour de l’Arbre, une nouvelle offensive de Gilbert fatigue ses adversaires, mais le mouvement décisif est porté par Nils Politt dans le secteur suivant à Gruson (14 km de l’arrivée). Cette fois-ci, seul le coureur Wallon est en mesure de coller à la roue de l’Allemand. A 10 kilomètres de l’arrivée, et avec une avance de 30’’ sur Sagan, Vanmarcke et Lampaert, il est acquis que le titre doit se jouer au sein de ce duo. Les deux derniers rivaux font leur entrée ensemble dans le vélodrome. Philippe Gilbert se montre à la fois le plus puissant et le plus fin manœuvrier dans le dernier tour de piste pour battre Nils Politt.

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