INFOS : J-1

6 avril 2024 - 19:12

La 121e édition de Paris-Roubaix a été précédée d’une présentation des équipes devant le château impérial de Compiègne, où les prétendants au titre ont pu afficher leurs ambitions. Juste avant que la championne du monde Lotte Kopecky ne s’impose sur le vélodrome pour la 4e édition de Paris-Roubaix Femmes avec Zwift, c’est bien le maillot arc-en-ciel qui faisait aussi l’objet de toutes les attentions avant la confrontation de demain : Mathieu Van der Poel est désigné comme l’homme à battre, sans savoir comment s’y prendre.

Pour autant, les adversaires n’ont pas abdiqué devant le duo Van der Poel-Philipsen aligné par Alpencin-Deceuninck. Les Visma tablent sur l’ancien vainqueur Dylan van Baarle ; les Lidl-Trek sur Mads Pedersen ; les Ineos-Grenadiers sur des débuts en fanfare de Tom Pidcock ; le clan espagnol sur Oier Lazkano ; les Soudal-Quick Step sur Kasper Asgreen ; les UAE Emirates sur Nils Politt ; et les formations françaises sur Stefan Küng (Groupama-FDJ), Luca Mozzato (Arkea-B&B), Anthony Turgis (TotalEnergies) ou encore Oliver Naesen (Decathlon-AG2R).   

THIERRY GOUVENOU : « DES PLUIES ANNONCÉES POUR CETTE NUIT »
Les suiveurs du cyclisme ne devisent jamais autant sur la météo qu’à la veille de Paris-Roubaix. La nature des secteurs pavés change radicalement par temps sec ou avec des conditions humides, les voies en question sont donc scrutées de près durant toute la semaine, tout comme les bulletins météorologiques que maîtrise parfaitement Thierry Gouvenou, le responsable sportif de l’épreuve. « Lors de notre dernière visite, j’ai constaté que les cinq premiers secteurs pavés de la course étaient gorgés d’eau, tout comme le secteur d’Haveluy et celui de Sars-et-Rosières. Le vent et la chaleur de ce samedi devraient nettement les améliorer, mais ils sont tellement imbibés que toute l’humidité ne disparaîtra pas. Par ailleurs, des pluies sont annoncées pour cette nuit. Donc il est probable que nous ayons une alternance de passages secs et mouillés, ce qui est le plus délicat et risqué pour adapter sa vitesse à la dangerosité ». Au-delà des considérations atmosphériques, les conversations en marge de la présentation des coureurs à Compiègne ont beaucoup tourné autour de la chicane qui a été installée immédiatement avant la Trouée d’Arenberg. Thierry Gouvenou revient justement sur les tenants et aboutissants de ce crochet d’une petite centaine de mètres : « Adam Hansen, le président du CPA, le syndicat des coureurs, m’a demandé il y a une semaine si nous pouvions trouver une solution pour ralentir le peloton avant l’entrée dans la Trouée. J’ai bien conscience que pour un coureur, c’est peut-être l’endroit le plus effrayant de toute l’année. Donc nous avons étudié toutes les options et adopté celle-ci, qui n’est peut-être pas idéale mais qui devrait faire tomber la vitesse de 70 km/h à 25-30 km/h pour attaquer ces pavés. L’année prochaine, nous aurons une modification de parcours qui sera plus fluide. »

MATHIEU VAN DER POEL: « MON SEUL PLAN, C’EST D’ÉVITER LES PROBLÈMES »
Les Alpecin-Deceuninck surfent sur une belle vague. L’équipe belge se présente à Compiègne après avoir remporté les deux premiers monuments de la saison, avec son sprinteur vedette Jasper Philipsen à Sanremo, puis la semaine dernière avec son champion du monde Mathieu Van der Poel sur le Tour des Flandres. Il s’agit précisément des deux coureurs qui occupaient les deux premières places sur le vélodrome André-Pétrieux l’année dernière, et qui seront aussi les deux hommes à battre cette année. Le Néerlandais tente toutefois de relativiser son statut de grand favori à sa succession : « Roubaix est une course super difficile à gagner, ce n’est vraiment pas simple pour y faire des différences, et donc ça devient très tactique. Mon seul plan, c’est d’éviter les problèmes... et après tout est jouable ». La présence de Jasper Philipsen sera logiquement un atout majeur pour l’équipe : « espérons que nous serons encore tous les deux présents dans le final et que nous pourrons avancer nos pions comme l’année dernière », table le maillot vert du dernier Tour de France. Dans le viseur de MVDP, se trouve la perspective de réaliser le doublé Flandres-Roubaix, que seuls neuf coureurs ont enchaîné victorieusement dans l’histoire.   

MADS PEDERSEN : « JE ME SENS PRÊT A 100 % »    
Si les yeux, les caméras et les micros se sont majoritairement tournés vers le maillot de champion du monde de Mathieu Van der Poel pendant la présentation des équipes de Compiègne, Madsq Pedersen est bien le seul qui a réussi à le battre en duel cette année, lors du final de Gand-Wevelgem. Bien que son approche de Roubaix ait été perturbée par une chute sur A Travers la Flandre, le leader des Lidl-Trek, qui s’est classé 4e l’année dernière, se montre particulièrement optimiste : « Mon corps a un peu souffert, mais je me sens prêt à 100 % ». Dans l’effectif solide sur lequel il pourra s’appuyer, se trouvent Edward Theuns, Jonathan Milan et le capitaine de route Tim Declercq, expert en classiques flandriennes : « Nous avons tout pour devenir une grande équipe de classiques, avec des forces en profondeur et un incroyable leader comme Mads. C’est difficile de prédire comment il pourrait battre Van der Poel, mais en réalité il y a une infinité de scénarios pour y arriver. Les Alpecin sont encore mieux taillés pour Roubaix que pour les Flandres, donc nous serons les outsiders et ça nous convient très bien ».     

TOM PIDCOCK : « CETTE COURSE ME CONVIENT »
A ma gauche, Tom Pidcock, 1,70m et 58 kg ; à ma droite, Joshua Tarling, 1,94m pour 78 kg. Physiquement, tout oppose les deux coureurs qui porteront les chances de la formation Ineos Grenadiers, qui s’est imposée en 2022 avec Dylan van Baarle et qui avait connu à deux autre reprises les bonheurs du podium, avec Ian Stannard en 2016 et Juan Antonio Flecha en 2010. Le plus grand des deux a découvert Paris-Roubaix l’année dernière mais avait rejoint le vélodrome hors-délais, tandis que le vainqueur de l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour de France est le seul coureur à avoir gagné sur les pavés de Roubaix en juniors (2017) et en espoirs (2019). Le passage à l’échelon supérieur s’est décidé à la dernière minute, mais le changement de programme ne semble pas l’impressionner : « Je devais courir le Tour du Pays Basque mais j’ai chuté juste avant le prologue, donc je n’ai pas pu m’aligner. En revanche j’ai récupéré assez vite et j’ai pu m’entraîner très correctement cette semaine. Je crois que malgré ce que disent certains à propos de mon poids, cette course me convient, même si ce sera ma première participation en élite ».

LUCA MOZZATO : « J’ESPÈRE ÊTRE DANS LE COUP »
Selon les années et surtout les changements au sein de leurs effectifs, les formations françaises se présentent avec des ambitions plus ou moins élevées. Historiquement, c’est la formation de Marc Madiot qui reste la dernière victorieuse au vélodrome de Roubaix, avec le succès de Frédéric Guesdon en 1997. Et c’est encore elle qui aligne le prétendant le plus crédible avec Stefan Kung, classé dans le Top 5 des deux dernières éditions (3e en 2022, 5e en 2023). Le coureur suisse sera épaulé chez Groupama-FDJ par Laurence Pithie, qui découvrira la Reine des classiques après avoir impressionné sur les routes ces dernières semaines, mais aussi par le Britannique Lewis Askey, qui a remporté Paris-Roubaix Juniors en 2018. Chez Arkea-B&B, les principales chances reposent sur l’Italien Luca Mozzato, après sa 2e place sur le Tour des Flandres dimanche dernier : « Roubaix, ce sera encore une autre histoire mais je pars avec de grandes ambitions. J’espère être encore dans le coup au moment où les champions vont attaquer, pour pouvoir aller chercher encore une fois une belle place. Mais personne n’a l’arme pour battre Mathieu Van der Poel, tout le monde va attendre de voir ce qu’il va faire ». Du côté de TotalEnergies, les souvenirs de podium remontent loin, puisque la formation s’appelait encore Europcar lorsque Sébatien Turgot avait pris la 2e place en 2012. Mais Anthony Turgis ne s’interdit pas de viser aussi haut, et pourquoi pas en prenant l’échappée matinale : « Il faut aborder cette course avec de l’envie, le couteau entre les dents. Pour moi, anticiper avant la Trouée d’Arenberg serait l’idéal, cela permet d’éviter les pièges et de prendre de l’avance. Cette première partie de course peut être décisive ». Enfin, les Decathlon-AG2R ont parmi eux un habitué avec Oliver Naesen, 7e la semaine dernière sur le Ronde : « Je suis à 100 % physiquement et dans la tête également, affirme le Belge qui n’est pas encore entré dans le Top 10 à Roubaix (12e en 2018). Et je sais que tout peut arriver sur cette course, j’ai des chances de finir sur le podium, mais si ça se trouve je ne vais pas terminer la course ».

GARCIA CORTINA : « C’EST INÉDIT DANS L’HISTOIRE DE L’ÉQUIPE »
Et si la formation Movistar devenait une chasseuse de classiques ? L’équipe espagnole, présente dans le peloton sous diverses appellations depuis 1980, a jusqu’ici obtenu son meilleur classement sur Paris-Roubaix avec Imanol Erviti, 9e en 2016. Mais ce score est peut-être appelé à évoluer au vu des performances réalisées cette année par Ivan Garcia Cortina et Oier Lazkano, notamment sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne où ils se sont respectivement classés 11e et 3e. « Rouler comme nous le faisons cette année sur les classiques, c’est inédit dans l’histoire de l’équipe », confirme le coureur des Asturies qui dispute son septième Paris-Roubaix. Le champion d’Espagne n’a quant à lui que deux participations à son actif, mais ne manque pas d’enthousiasme pour se mêler à une explication finale sur les pavés : « quand on aime le cyclisme, on aime Paris-Roubaix. Pour moi c’est un honneur de prendre le départ, mais il sera surtout encore plus grand si j’arrive à être un acteur majeur dans le final ». 

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