Jour de gloire en Enfer : Serse Coppi, 1949 (I/VI)
20 mars 2018 - 09:25
Le hasard et la chance jouent parfois leur rôle sur Paris-Roubaix. Des coups du sort, des maladresses ou des erreurs stratégiques peuvent mettre hors-jeu les favoris de la course. C’est alors que surgit un opportuniste, héros d’un jour, qui vit son heure de gloire dans l’Enfer du Nord. En 1949, c’est Serse Coppi qui connait, au terme d’une lourde controverse, le plus beau succès de sa courte carrière.
Le phénomène de la famille, c’est Fausto. Au printemps 1949, il n’a pas encore participé au Tour de France, mais s’est déjà imposé à deux reprises sur le Giro, sur Milan-San Remo et trois fois sur le Tour de Lombardie. Le Campionissimo est déjà installé au sommet, tandis que son jeune frère Serse, honnête coursier un peu moins bien doté par la nature, se contente d’un statut de Gregario au sein de la prestigieuse formation Bianchi. Pour le rendez-vous de la Pasquale, le duel annoncé doit se jouer entre Fausto Coppi et Rik van Steenbergen, le vainqueur sortant. Les deux hommes se marquent un peu trop sagement, ratent leur tour à force d’hésiter et laissent partir le mouvement décisif. Surtout, un incident perturbe le scénario qui semble se dessiner : les trois attaquants qui ont pris de l’avance dans le final sont orientés par erreur dans une rue qui contourne le vélodrome au lieu de rejoindre l’entrée des coureurs. Le Français André Mahé bat tout de même son compagnon belge Florent Mathieu, après avoir pénétré sur l’anneau par l’accès réservé aux journalistes !
Derrière, Serse Coppi règle le sprint du peloton. Dans la confusion, le clan italien se précipite pour porter réclamation après cette arrivée irrégulière… et obtient gain de cause. Les trois premiers sont déclassés, mais l’affaire occupe les instances sportives pendant plusieurs mois. Jusqu’à ce que l’UCI, prise en otage par les menaces de boycott de Fausto Coppi, déclare finalement André Mahé et Serse Coppi ex-aequo, tous deux vainqueurs du 47e Paris-Roubaix. L’année suivante, le Campionissimo honore la course de sa présence. Et s’impose pour succéder à son frère au palmarès. Deux ans après cet épisode mouvementé, Serse Coppi tombe violemment dans le final du Tour du Piémont. Il remonte sur son vélo, termine la course mais s’évanouit à son hôtel, avant de succomber peu après son arrivée à l’hôpital. Un destin tragique annonçant aussi la fin de Fausto, terrassé par la malaria après un Critérium organisé à Ouagadougou en Haute-Volta -devenue depuis le Burkina-Faso- en 1959.
